L'histoire de Vouvant
du XIᵉ siècle à 1694
L'histoire de Vouvant du XIᵉ siècle jusqu'au retour définitif de la seigneurie au roi de France, en 1694
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1016-1019, première mention de Vouvant
Au début du XIe siècle, Guillaume le Grand d'Aquitaine, comte de Poitiers et duc d'Aquitaine, fait construire un château et un ensemble monastique sur le site de Vouvant, éperon rocheux entouré sur trois côtés par la rivière Mère.
Comme de nombreuses créations d'établissements religieux et de castrum, un élément légendaire est associé à celle de Vouvant. Ici, la légende rapporte que Guillaume le Grand aurait découvert le site lors d'une chasse tumultueuse dans sa forêt de Vouvant.
La création de Vouvant s'inscrit dans un mouvement de grande ampleur qui consiste en la fortification des marges nord-ouest de l'Aquitaine afin de contenir les incursions Normandes remontant les vallées des rivières de la Vendée et de la Mère. En effet, ces terres « ingrates et plus accidentées du massif ancien » (Pon et Chauvin, 2001) situées au nord du territoire dirigé par le comte-duc sont peu occupées. C'est pourquoi Guillaume le Grand et Théodelin, abbé de Maillezais, entreprennent la construction de châteaux et d'églises sur cette zone du Poitou afin d'y contrôler la grande barrière forestière de Vouvant et Mervent.
La construction du château de Vouvant avant 1016-1019 semble également avoir vocation à remplacer le castrum de Maillezais détruit entre 1007 et 1011 (Pon et Chauvin, 2001).
Gisant attribué à Guillaume le Grand, comte de Poitiers et duc d'Aquitaine, décédé en 1030 et inhumé à l'abbaye de Maillezais. Ce gisant en calcaire, daté de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe siècle, a été retrouvé lors de fouilles archéologiques effectuées en 1834 à l'abbaye de Maillezais. Le gisant n'est pas attribué de manière définitive, il pourrait s'agir du monument funéraire de l'un des fils de Guillaume le Grand : Eudes ou Guillaume VI.
La pierre est aujourd'hui exposée au musée du donjon de Niort.
Crédit photo : Ludovic Géron
Acte latin portant mention de la création de Vouvant
La première mention de Vouvant se trouve dans un acte écrit de donation à destination de la communauté monastique de Maillezais dans le but de développer le territoire bas-poitevin. Le document portant création de Vouvant n'est donc pas une charte de fondation, mais un acte de donation comme l'indique le mot latin « testamentum » à la fin du document (mot latin signifiant « acte écrit de donation à un établissement religieux » durant le haut Moyen Âge). Cet acte, rédigé au passé par Guillaume le Grand d'Aquitaine, est daté après l'an 1016 et avant le mois de mars 1019. En effet, sa troisième épouse Agnès de Bourgogne, avec qui il s'est marié vers l'an 1016, est citée à la fin de l'acte de donation. Aussi, l'évêque de Poitiers Gislebert, également témoin de la rédaction de cet acte, disparaît après le mois de mars 1019.
C'est donc en 1019 au plus tard que se situe la fondation du bourg castral de Vouvant.
L'acte écrit de donation mentionnant Vouvant est connu grâce à Jean Besly qui en publie une copie dans son ouvrage Histoire des comtes de Poictou et ducs de Guyenne paru en 1647. Jean Besly a alors certainement édité le document sur l'original présent dans les archives de l'abbaye de Maillezais. Il y avait en effet très facilement accès de par son statut d'avocat au présidial de Fontenay-le-Comte. Lors de l'édition de l'acte par Jean Besly, les caractères permettant de connaître le lieu de rédaction sont probablement illisibles puisque ceux-ci ne sont pas transcrits par l'auteur. En effet, il indique « Actum ........ » à la fin de la transcription de la charte.
L'acte en latin nous apprend plusieurs éléments :
- le site du château du comte-duc semble se localiser au lieu-dit actuel du Petit-Château ou du Château-Neuf. Le château est indiqué comme situé sur un « mont » (mons en latin) différent de celui de l'église ;
- l'église et le château sont érigés au même moment (présence de l'imparfait erigebam).
Extrait de la charte datée de 1016-1019 :
[...]. Placuit etiam mihi Willelmo construendi castrum in loco qui propter influentem aquam Vulventus dicitur fecique, divino nutu tactus, cogitavi aliquando ut quemadmodum erigebam illud castrum ad mei nomen honoris, ita ad nomen honoris Christi construerem inibi monasterium in honorem Dei Genitricis, quatenus ipsa pro me et pro cuncto genere meo ad pium Dominum Filiumque suum interpellatrix esse dignetur. Erat enim juxta illud castrum mons qui ex omni parte claudebatur aqua, nisi ex parte modica. Advocavi ergo abbatem præfati monasterii Malliacensis nomine Tedelinum rogavique eum ut de loco illo sylvam abscinderet, et ecclesiam fabricaret, quod ipse libenti animo adimplevit ; disposuisque ipsam ecclesiam cum omnibus ecclesiis et rebus ad eam pertinentibus S. Petro Malliacensi esse subjectam [...]. Hoc testamentum suprascripti cœnobii Malleacensis ego, Willelmus Aquitanorum dux et comes Pictavæ civitatis manu propria firmavi, et loco sancto superius denominato contradidi omnia quæ hic sunt prænotata, et filiis etiam meis jussi firmare Willelmo et Odoni cum uxore Agnete et domno Gisleberto episcopo cum suo nepote Isemberto, fidelibus etiam quamplurimis meis quorum nomina hic sunt denotata.
S. domini Willelmi + Aquitanorum ducis.
S. Gisleberti + episcopi Pictavensis.
S. Willelmi filii ejus.
S. Odonis filii ejus.
S. Agnetis uxoris ipsius.
S. Fulconis comitis Andegavis.
S. Guillelmi comitis Angolismæ.
S. filiorum ejus Alduini et Gosfridi.
S. Acfredi vicecomitis.
S. Widonis inclyti vicecomitis Lemovicæ et filiorum ejus.
S. etiam domni Tedelini abbatis.
S. Isemberti ejusdem episcopi nepotis.
Actum ........
— Guillaume le Grand, comte de Poitiers et duc d'Aquitaine, vers 1016-1019
« [...]. Il m'a plu aussi, à moi Guillaume, de construire un château, situé en un lieu qu'on appelle Vouvant à cause de l'eau qui s'y insinue, et je l'ai fait par la volonté de Dieu : j'ai pensé un jour que, tandis que j'érigeais ce château pour la dignité de mon honneur, de même, je devais, en ce qui me concerne, pour la dignité de l'honneur du Christ, construire un monastère en l'honneur de la Mère de Dieu, afin qu'elle juge digne d'être celle qui interpelle pour moi et pour toute ma lignée Dieu le Père et son Fils ; il y avait en effet près de ce château un mont qui était presque entièrement entouré d'eau ; j'ai donc fait venir l'abbé Théodelin du susdit monastère de Maillezais et je lui ai demandé d'y défricher la forêt et d'y bâtir une église, ce qu'il a volontiers accompli ; j'ai décidé que cette église, avec toutes les églises et biens qui en relèvent, soit sujette de Saint-Pierre de Maillezais [...]. Cet acte écrit de donation en faveur du susdit monastère de Maillezais, moi, Guillaume, duc des Aquitains et comte de la cité de Poitiers, je l'ai confirmé de ma propre main et j'ai remis au saint monastère tout ce qui a été noté ci-dessus et j'ai ordonné aussi à mes fils Guillaume et Eude, en même temps qu'à mon épouse Agnès et au seigneur évêque Gislebert et à son neveu Isembert ainsi qu'à un grand nombre de fidèles dont les noms sont indiqués, de le confirmer.
Seing de Guillaume + duc des Aquitains.
Seing de Gislebert + évêque de Poitiers.
Seing de Guillaume, son fils [du duc].
Seing d'Eude, son fils [du duc].
Seing d'Agnès, son épouse [du duc].
Seing de Foulque, comte d'Anjou.
Seing de Guillaume, comte d'Angoulême.
Seing de ses fils Audoin et Geoffroi [du comte d'Angoulême].
Seing du vicomte [de Châtellerault] Acfred.
Seing de Gui, illustre vicomte de Limoges et de ses fils.
Seing du seigneur Théodelin, abbé [de Maillezais].
Seing d'Isembert, neveu de l'évêque [de Poitiers] susdit.
Fait [lacune]. »
— Traduction effectuée notamment d'après les traductions réalisées dans Pon et Chauvin (2001) et Rézeau (2019)
Édification de l'église priorale avant 1050
L'église Notre-Dame de Vouvant est très certainement consacrée au cours de la première moitié du XIe siècle. Cependant, il convient d'être prudent avec la date de 1028 avancée par certains documents comme étant la date de consécration de l'édifice religieux. En effet, aucune source manuscrite primaire ne permet d'affirmer une quelconque date.
L'église priorale Notre-Dame est édifiée au XIe siècle, très certainement avant 1050, avec des moellons de granit et de schiste. C'est une vaste construction de trois vaisseaux (un vaisseau central et deux bas-côtés) et probablement neuf travées. L'édifice possède une architecture typique des églises du début du XIe siècle, c'est-à-dire austère, qui ne comporte aucun décor sculpté et qui donne « une impression de rigueur et de solidité » (Dillange, 1976). Les murs gouttereaux de la nef possèdent une largeur de 0,9 mètre et sont percés, à chacune des travées, d'une ouverture surmontée d'un arc en plein cintre. Deux portes, également surmontées d'arcs en plein cintre, sont présentes au niveau de la cinquième travée de la nef. Les piliers situés entre les bas-côtés et le vaisseau central de la nef sont cruciformes et à ressauts. Chacun de ces piliers est relié par un arc en plein cintre à double ressauts au pilier suivant. Des pilastres à dosserets sont construits sur la partie interne des contreforts des murs gouttereaux afin d'accueillir le voûtement en arêtes des bas-côtés. Il semble probable que l'édifice du début du XIe siècle possède des bas-côtés voûtés tandis que le vaisseau central de la nef est charpenté. Cette charpente reposerait alors sur des pilastres situés au sommet des piliers intermédiaires. Du fait de la hauteur importante des piliers, l'élévation initiale de l'édifice rappelle grandement une élévation de type basilical.
C'est seulement à une date inconnue du XIIe siècle que le vaisseau central de la nef est couvert d'une voûte en berceau rythmée par des arcs doubleaux. La voûte en berceau repose alors sur une imposte chanfreinée qui est présente sur toute la longueur de la nef.
Cependant, l'agencement de la façade occidentale de l'église priorale n'est pas connu avec certitude. Ainsi, les historiens évoquent trois hypothèses concernant les dispositions de la façade occidentale de l'édifice :
- peut-être que les six travées de l'église étaient prolongées par plusieurs travées supplémentaires puis par un portail d'entrée ;
- peut-être que la façade occidentale se présentait sous la forme d'un clocher-porche ;
- peut-être qu'un narthex (suivi d'un portail d'entrée) se situait dans le prolongement de l'édifice, avec la possibilité de la présence d'une première crypte sous celui-ci.
Plan de l'église Notre-Dame de Vouvant.
Crédit plan : Ludovic Géron
Intérieur de la nef Théodelin, vue de l'ensemble nord.
Crédit photo : Ludovic Géron (lien Wikimédia)
Arc en plein cintre séparant deux piliers conservés entre le vaisseau centrale de la nef et le bas-côté nord.
Crédit photo : Ludovic Géron (lien Wikimédia)
Bas-côté nord.
Crédit photo : Ludovic Géron (lien Wikimédia)
Bas-côté sud.
Crédit photo : Ludovic Géron (lien Wikimédia)
Mur gouttereau sud.
Crédit photo : Ludovic Géron (lien Wikimédia)
Des chevaliers placés comme gardiens de la place forte comtale
(vers 1040/1045-XIIᵉ siècle)
Aux environs des années 1040/1045, la construction du château et du bourg semble prendre fin. C'est vers cette date que le chevalier Hélie est nommé par le comte-duc pour diriger la forteresse. En effet, celui-ci est désigné le 31 mai 1040 comme « Helias de Volvento » (BnF, NAL 1939, XVIIe siècle) dans l'acte de dédicace de l'abbaye de la Trinité de Vendôme. Aussi, un texte présent dans la Chronique de Saint-Maixent et daté vers le mois de décembre 1045 indique que c'est Hélie qui tient le château de Vouvant : « Helia qui tunc temporis in castello, qui dicitur Vulvent, dominatum tenebat » (Richard, 1903 ; « Hélie qui détenait alors la garde du château appelé Vouvant » en français). Le château-fort comtal se présente alors probablement sous la forme d'un château en bois sur motte. Il est également fortement envisageable qu'une première muraille, certainement fabriquée en bois et en terre, soit érigée autour du bourg castral où est implantée l'église Notre-Dame dans le courant de la première moitié du XIe siècle.
Des mottes castrales autour du castrum
Des mottes castrales sont présentes autour du bourg castral : l'une à l'emplacement du lieu-dit du Petit-Château, l'autre à l'emplacement du lieu-dit du Château-Neuf. Cependant, la date de construction et la fonction précise de celles-ci sont, pour le moment, encore inconnues. Ces deux mottes castrales servent, par la suite, de seconde enceinte à la ville fortifiée sous la forme de deux forts avancés permettant un contrôle renforcé du site.
Comme évoqué précédemment, l'une d'entre elles correspond possiblement au premier château de Vouvant édifié sur volonté de Guillaume le Grand (cf. acte de 1016-1019).
Seule la motte castrale du Château-Neuf est encore identifiable au XXIe siècle : elle possède une hauteur maximale d'environ 4-5 mètres et un diamètre d'environ 40 mètres. Un ouvrage indique que cette motte a été fouillée, sans résultat, à la fin du XIXe siècle.
Motte castrale du Château-Neuf vue depuis le sommet de la porte de la Poterne.
Crédit photo : Ludovic Géron
Site du Petit-Château (méandre de droite) vu depuis le sommet de la tour Mélusine.
Crédit photo : Ludovic Géron
En 1056, une charte de donation à destination de l’abbaye de Maillezais, rédigée par Thibaud Lunels (seigneur de Bazoges), indique la présence du prieuré et du château de Vouvant : « monasterio apud Volvente » ; « Volventum castrum » (Lacurie, 1852). Dans cette charte, Thibaud Lunels fait notamment don d'un pré ainsi que d'une vigne se trouvant le long du château de Vouvant : « Preterea condono eo tenore pretaxato loco pratum et vineam quam secus Volventum castrum habeo omnemque burgum quem ibi habeo proprium, [...] » (Lacurie, 1852). Par cet acte, il est également possible de savoir que des moines de Maillezais desservent et son logés au prieuré de Vouvant. La construction de ce dernier semble donc achevée.
En 1069 au plus tard, Airaud Gassedenier, chevalier et l'un des fidèles du comte-duc Guy-Geoffroy, fonde l'abbaye de Nieul-sur-l'Autise. Cette fondation est confirmée par le comte-duc en 1076 dans la résidence d'Airaud située à Vouvant : « Acta est hujus modi ecclesiæ cartula apud Vulventum, in domo Airaudi » (Besly, 1647). De nombreux ouvrages indiquent qu'Airaud est seigneur de Vouvant à cette période. Cependant, Airaud Gassedenier ne porte jamais le titre de seigneur dans les actes dans lesquels il est mentionné. Il a peut-être été choisi par le comte-duc afin de contribuer à le représenter à Vouvant, ce qui expliquerait qu'il réside dans la place forte comtale-ducale.
L'identité des personnes qui tiennent le château de Vouvant pour les comtes-ducs au cours de la seconde moitié du XIe siècle est peu connue. Seuls les noms suivants nous sont parvenus :
- Raymond avant 1045 ou avant Hélie,
- Gérard ou Géraud, fils de Raymond, entre 1045 et après 1056,
- Guillaume (qui approuve des actes donnés par Pépin, prince de Talmont),
- Bouchard, Raoul et Vossard vers 1065 (qui donnent des biens à la suite du décès du seigneur de Talmont)
- et le même Bouchard (cité en 1076 et 1088).
Le 7 avril 1074, Guillaume VIII d'Aquitaine, comte de Poitiers et duc d'Aquitaine, séjourne dans son château de Vouvant lors de sa visite dans le Bas-Poitou. Une charte datée de ce jour et confirmant des donations à l'abbaye de Maillezais est en effet rédigée à Vouvant :
« Facta autem hec carta et confirmata in castro Vulvento, in domo Airaldi de forgiis VII idus aprilis, anno et Incarnatione Domini millesimo Septuagesimo quarto, [...] » (Dom Fonteneau, vol. XXV), signifiant en français : « Or l'acte est confirmé au château de Vouvant, dans la maison d'Airaud de(s) Forges le 7 avril 1074, [...] ».
L'ère de Robert Bourgoin
(seconde moitié du XIᵉ siècle)
Une hypothèse évoque que Guillaume VIII, comte de Poitiers et duc d'Aquitaine, aurait transmis la forteresse de Vouvant à Robert Bourgoin (né vers 1035 et décédé après 1098).
L'ère des Rancon
(seconde moitié du XIᵉ siècle-vers 1140/50)
À une date inconnue de la seconde moitié du XIe siècle, Vouvant semble passer dans les possessions de la maison de Rancon. En effet, Bourgogne de Craon, fille de Robert Bourgoin, transmet peut-être Vouvant en dot lors de son mariage avec Aimery III de Rancon (né vers 1055 et décédé vers 1104).
En 1079, un long conflit opposant les abbayes de Bourgeuil et de Maillezais est réglé au profit de la seconde. En effet, ce conflit, qui concerne la possession de l'église Notre-Dame de Vouvant, prend fin lorsque l'abbaye de Maillezais montre l'acte de donation rédigé par Guillaume le Grand vers 1016-1019. Ainsi, tandis que Baudri (abbé de Bourgueil) revendique l'église de Vouvant, le légat décide d'en confirmer la possession à Dreu (abbé de Maillezais) lors de son jugement. Il est précisé que le différend entre les moines de Bourgueil et ceux de Maillezais durait depuis une soixantaine d'années, soit depuis l'installation de la communauté monastique sur le site de Vouvant avant 1019.
En 1110, l'autorité du comte de Poitiers est remise en cause par ses vassaux. En effet, les seigneurs de Parthenay s'allient aux Lusignan et font la guerre à Guillaume IX d'Aquitaine. Face à cela, le comte-duc renforce ses places fortes afin de ré-asseoir et de maintenir son autorité de façon durable. Concernant Vouvant, il est peut-être possible que Guillaume y érige un donjon de pierres vers le milieu du XIIe siècle. Cette tour carrée se serait alors présentée sous la forme d'un donjon de type « niortais », c'est-à-dire avec des contreforts ronds à chacun de ses angles. Cependant, il ne s'agit là que d'une hypothèse non attestée de la construction d'un premier donjon sur la place du Bail actuelle. De plus, il convient de bien distinguer cet hypothétique donjon carré du donjon circulaire (tour Mélusine) érigé plus tardivement entre la fin du XIIe siècle et le début du XIIIe siècle.
Au début du XIIe siècle, c'est Geoffroy de Rancon (né vers 1085), fils de Bourgogne de Craon et de Aimery III de Rancon, qui tient la place forte de Vouvant. Dans les années 1120, des textes rapportent ainsi la présence de Geoffroy dans son château de Vouvant, notamment dans la grande salle (aula) lors de la réception de ses hôtes ainsi que dans sa chambre : « [...] apud Voventium, in camera Gaufridi de Rancum [...] » (Mémoires de la Société de statistique du département des Deux-Sèvres, 1875), signifiant en français : « [...] à Vouvant, dans la chambre de Geoffroy de Rancon [...] ».
L'ère des Lusignan
(vers 1140/50-1247/48)
Entre 1140 et 1150, la seigneurie de Vouvant-Bourg passe aux mains de la famille de Lusignan. En effet, Bourgogne de Rancon (née vers 1120 et décédée après 1169), fille de Fossifia de Moncontour et de Geoffroy de Rancon, épouse Hugues VIII de Lusignan (1106-1173). Il semble que la dot associée à ce mariage soit le château de Vouvant. Apportée en dot, Vouvant entre donc dans la famille de Lusignan, qui sera opposée tantôt au roi de France, tantôt au roi d'Angleterre (conséquence des deux mariages d'Aliénor d'Aquitaine). Malgré ce passage du contrôle de Vouvant aux Lusignan, les chartes précisent que Bourgogne de Rancon reste la « propriétaire » légitime de la forteresse.
Sceau et sceau du secret utilisés par Bourgogne de Rancon, dame de Fontenay et, vraisemblablement, dame de Vouvant.
Crédit image : dessin du sceau et sceau du secret réalisé par Roger de Gaignières au XVIIIe siècle (lien Wikimédia)
Dès 1147, Sébrand Ier Chabot, seigneur du Petit-Château de Vouvant, participe à la deuxième croisade sous le pontificat d'Eugène III.
À la mort du premier fils de Bourgogne de Rancon et de Hugues VIII de Lusignan, c'est leur troisième fils Geoffroy Ier de Lusignan (né vers 1150 et décédé en 1216/24) qui hérite de ses biens. Avec le consentement de sa mère, Geoffroy fonde alors un anniversaire à la mémoire de son frère Hugues en 1169 et donne des droits à l'abbaye de L'Absie sur le territoire de Vouvant « dans le fief de Thibaud Chabot » (l'acte est rédigé à Vouvant en avril 1169). Cela indique donc que la famille Chabot tient des droits sur Vouvant à cette époque. Il s'agirait très probablement de la seigneurie du Petit-Château de Vouvant dont la forteresse est localisée à l'emplacement du château-fort comtal érigé au début du XIe siècle.
Il convient donc de bien distinguer les divers fiefs situés à Vouvant : celui de Vouvant-Bourg et celui du Petit-Château de Vouvant. En effet, tandis que Vouvant-Bourg devient une possession de la famille de Lusignan au milieu du XIIe siècle, le Petit-Château de Vouvant demeure aux mains de la famille Chabot (le fief du Petit-Château de Vouvant est réuni avec celui de Vouvant-Bourg uniquement à partir du XVIIe siècle).
En 1176, Thibaut II Chabot, seigneur du Petit-Château de Vouvant, est nommé chef des armées (princeps militiæ) du comte de Poitou Richard Cœur de Lion.
En juillet 1190, Geoffroy Ier de Lusignan part pour la troisième croisade sur ordre de Richard Cœur de Lion qui souhaite éviter de nouvelles rebellions de ce seigneur. En effet, Geoffroy Ier s'était très souvent rebellé contre Henri II, roi d'Angleterre, et son fils Richard, devenu comte de Poitou dès 1169. Les Lusignan s'illustrent lors cette croisade puisque Guy de Lusignan devient roi de Jérusalem (1186-1192) tandis que son frère Geoffroy Ier est nommé comte de Jaffa et d'Ascalon (1191-1193).
Vers 1180 ou après son retour des croisades vers 1194, Geoffroy Ier de Lusignan épouse Eustach(i)e Chabot (née vers 1160 et décédée en 1229). En effet, Richard Cœur de Lion aurait donné la main de la riche héritière Eustach(i)e Chabot à Geoffroy Ier en récompense de son courage en Terre-Sainte. Ce mariage a très probablement permis de réunir les deux fiefs de Vouvant, même si la seigneurie du Petit-Château de Vouvant semble rester une possession de la famille Chabot jusqu'au XIVe siècle. C'est également à la suite de ce mariage que les deux seigneuries voisines de Vouvant et de Mervent ont des destinées identiques en étant possédées par les mêmes seigneurs.
Geoffroy Ier et son épouse, Eustach(i)e Chabot vont avoir plusieurs enfants, dont Geoffroy II de Lusignan (né vers 1198/99), célèbre pour ses hauts faits et méfaits guerriers (Geoffroy-la-Grand'Dent, fils de la fée Mélusine, selon Jean d'Arras). Son frère Guillaume, moins connu, épouse la marquise de Mauléon, qui ont une fille, Valence de Lusignan, mariée à Hugues II de Parthenay-l'Archevêque.
Passage aux Lusignan : deux hypothèses s'affrontent...
Selon les spécialistes, la seigneurie de Vouvant-Bourg est passée à la puissante famille des Lusignan de diverses manières.
Deux hypothèses sont plausibles :
- la première invite à penser que la seigneurie est passée dans les mains de Geoffroy Ier de Lusignan lors de son mariage avec Eustache Chabot vers 1180-1194. Selon cette théorie, Eustache était l'héritière de la seigneurie par son père Thibaud Chabot, seigneur du Petit-Château de Vouvant.
- la seconde laisse penser que la seigneurie de Vouvant a été transmise à Geoffroy Ier de Lusignan par sa mère Bourgogne de Rancon. C'est son père, Geoffroy de Rancon, qui est mentionné dans sa chambre à Vouvant par un texte latin daté de 1123.
Le passage aux Lusignan reste donc empreint de mystères puisque, par exemple, le texte latin de 1169 (fondation de l'anniversaire pour Hugues de Lusignan) n'indique pas que Geoffroy Ier de Lusignan est seigneur de Vouvant à cette période. La seule certitude est que Geoffroy Ier est dénommé comme tel dans un acte latin de l'abbaye de L'Absie dont la datation est fixée au mois de mai 1200, soit après son union avec Eustache.
Le 13 mai 1197, une bulle rédigée par le pape Célestin III confirme que l'abbaye de Maillezais possède le prieuré Notre-Dame (ou Sainte-Marie) et l'église Saint-Nicolas (?) de Vouvant : « [...] ecclesiam sancte Marie, et ecclesiam sancti Nicholai de Vulvento [...] » (Lacurie, 1852). La mention d'une église Saint-Nicolas de Vouvant pose question ici. Peut-être s'agit-il de l'église Saint-Nicolas située à Maillezais ?
En 1200, les religieux de l'abbaye de Maillezais renoncent aux privilèges qu'ils pensaient avoir obtenu du Saint-Siège et se soumettent à perpétuité à la juridiction de l'évêque de Poitiers. Le traité qui est signé cette année à Poitiers fait alors mention du prieuré Notre-Dame de Vouvant : « prioratus de Volvento » (Rédet, 1881).
En 1202, une reconnaissance du roi d'Angleterre Jean sans Terre affirme que Vouvant est le chef-lieu d'une viguerie : « vigeriam Turris de Vovent » (Duffus Hardy, 1835).
Remaniements de l'église Notre-Dame (XIIᵉ siècle)
Au cours du XIIe siècle, la partie orientale de l'église du prieuré Notre-Dame est remaniée. En effet, un transept peu saillant voûté en berceau est érigé et flanqué d'absidioles à chacun de ses bras. La première travée des absidioles est voûtée en berceau brisé tandis que la dernière est voûtée en cul-de-four brisé. Le chœur se compose de deux travées qui possèdent une voûte en berceau brisé rythmée par deux arcs doubleaux simples chacune. Ces deux travées sont prolongées par une abside semi-circulaire voûtée en cul-de-four brisé. La crypte, voûtée d’arêtes et d'une grandeur identique au chœur, fait également l'objet de modifications à cette période. Le fait que le chœur soit surélevé par rapport au reste de l'édifice s'explique certainement par la grandeur démesurée de la nef ainsi que par la pente du terrain qui descend fortement vers l'est.
Concernant l'extérieur de l'édifice, le chevet est rythmé par des contreforts-colonnes triples. Les ouvertures de la crypte (hormis celle située dans l'axe de l'église) sont directement percées dans les bases carrées de ces contreforts-colonnes. L'abside et les deux absidioles possèdent une corniche qui orne le dessous des toitures. L'absidiole nord est celui le plus décoré de l'édifice : les trois ouvertures possèdent chacune une arcade simple ornée de palmettes ou d'animaux et possédant un extrados sculpté de pointes de diamants, un oculus entouré de décors en entrelacs est percé au-dessus de l'ouverture centrale, les colonnettes des ouvertures sont surmontées de chapiteaux présentant des griffons, des masques, des oiseaux, des centaures ou encore une sirène, une corniche ornée de têtes de chats surmonte l'ensemble de l'absidiole, etc.
C'est au milieu du XIIe siècle que la partie basse du portail nord est érigée. Il s'agit d'un portail très imposant orné de nombreuses sculptures romanes et encadré de deux contreforts-colonnes. L'entrée de l'église se fait par deux portes jumelles encadrées par deux voussures. Un tympan est par la suite présent entre ces voussures et le grand arc de décharge lui-même sculpté. Ce tympan est occupé par deux bas-reliefs datant de l'époque romane : Dalila à gauche et Samson terrassant le lion à droite (la corniche ainsi que les armoiries de Jean de Dunois datent du milieu du XVe siècle).
Une baie aveugle est présente à l'est du portail nord de l'église Notre-Dame de Vouvant. Dénommé à tort « le cavalier », l'élément sculpté inclus dans cette baie représente certainement un personnage en descente de crois, les jambes allongées, tourné de 90 degrés.
Plan de l'église Notre-Dame de Vouvant.
Crédit plan : Ludovic Géron
Chevet de l'église Notre-Dame de Vouvant.
Crédit photo : Ludovic Géron
Absidiole nord, dite des Lusignan.
Crédit photo : Ludovic Géron
Partie basse, romane, du portail nord.
Crédit photo : Ludovic Géron
Arc de décharge.
Crédit photo : Jochen Jahnke (lien Wikimédia)
Détail de l'arc de décharge.
Crédit photo : Jochen Jahnke (lien Wikimédia)
Chapiteaux est du portail nord.
Crédit photo : Ludovic Géron
Chapiteaux ouest du portail nord.
Crédit photo : Ludovic Géron
Baie aveugle, dite « le cavalier », située à l'est du portail nord.
Crédit photo : Ludovic Géron (lien Wikimédia)
Modillons et frise sculptés de l'absidiole nord.
Crédit photo : Jochen Jahnke (lien Wikimédia)
Crypte de l'église Notre-Dame de Vouvant (parties basses du XIIe siècle et parties hautes remaniées au XIXe siècle).
Crédit photo : Ludovic Géron
L'absidiole nord et le chœur surélevé vus depuis l'entrée de l'église.
Crédit photo : Ludovic Géron
Chœur surélevé.
Crédit photo : Ludovic Géron
Absidiole nord.
Crédit photo : Ludovic Géron
Absidiole sud.
Crédit photo : Ludovic Géron
Prise de Vouvant par Jean sans Terre (août 1202-février 1203)
Au tout début du XIIIe siècle, les Lusignan refusent de reconnaître la suzeraineté du roi d'Angleterre et nouveau comte du Poitou Jean sans Terre. Ce dernier est l'un des fils du roi d'Angleterre Henri II et d'Aliénor d'Aquitaine, dont leur mariage fait passer le Poitou aux mains des Anglais dès 1152.
Au cours du mois d'août 1200, le mariage de Jean sans Terre avec Isabelle d'Angoulême provoque la remise en cause des alliances du roi d'Angleterre avec les seigneurs du Poitou. En effet, Isabelle d'Angoulême était à l'origine promise à Hugues X de Lusignan, fils de Hugues IX (comte de la Marche et seigneur de Lusignan). À la suite de ce mariage, la famille de Lusignan s'allie avec le roi de France Philippe Auguste pour mener un siège au château de Mirebeau dans lequel Aliénor d'Aquitaine s'était réfugiée. Lorsque Jean sans Terre apprend cela, il se rend à Mirebeau pour sauver la forteresse. De nombreux seigneurs qui ont pris part à ce siège sont alors emprisonnés par le roi d'Angleterre. C'est ainsi que Jean ordonne la saisie des châteaux de Geoffroy Ier et de Hugues IX de Lusignan le 11 août 1202 au maire de Poitiers. Une garnison royale est par la suite envoyée dans chacun des châteaux saisis, dont celui de Vouvant. Ainsi, ce dernier est contrôlé pendant 6 mois par une garnison du roi d'Angleterre. Cette présence suggère alors que le site est un haut lieu stratégique et possède une importance militaire considérable.
Le 28 février 1203, Jean sans Terre demande à l'arbalétrier Lupillin de libérer le château de Vouvant dont il avait la garde :
Rex [...], Lupillinus balistarius, mandamus quod liberetis Castrum nostrum de Vovent : cui dilectis et fideli noster Robertus de Tornham senescallus Pictavi illud liberare preceperit. Et in here rei [...]. Teste me ipso apud Molinelli xviij die Febrari.
— Jean sans Terre, roi d'Angleterre, le 28 février 1203 à Molineux (Rotuli Litterarum Patentium, 1835, Volume 1, p. 25)
« Le roi [Jean sans Terre] à l'intention de Lupillin, arbalétrier. Nous vous demandons de libérer notre château de Vouvant. Notre cher et fidèle Sénéchal du Poitou Robert de Tornham vous donnera les instructions nécessaires pour le libérer. Lettre rédigée à Molineux le 28 février 1203. »
— Traduction de Marie-Pierre Baudry-Parthenay, Nicolas Prouteau et Laurent Prysmicki (Étude préalable à la restauration de l'enceinte de Vouvant : Étude documentaire, historique et architecturale. (Rapport d'étude), Atemporelle, mai 2003)
Au cours de l'été 1204, le roi de France Philippe Auguste lance une opération afin de conquérir le Poitou contrôlé par les Anglais. Il obtient alors l'hommage des plus grands seigneurs poitevins, dont celui de Geoffroy Ier de Lusignan. Toutefois, cette opération est interrompue en 1206 lorsque Jean sans Terre débarque dans la ville de La Rochelle avec une armée et plus de 200 bateaux. De nombreux seigneurs de la région rendent dès lors hommage au roi d'Angleterre. À la suite de cela, les deux rois signent une trêve le 26 octobre 1206 à Thouars (trêve de deux ans) confirmant les possessions anglaises en Poitou et les possessions françaises au nord de la Loire (Anjou, Bretagne, Normandie, Maine et Touraine).
Prise de Vouvant par Jean sans Terre (mai 1214)
En mai 1214, après avoir pris le château de Mervent, celui de Vouvant est assiégé pendant trois jours par Jean sans Terre. En effet, souhaitant conquérir des territoires tenus en hommage par le roi de France Philippe Auguste, Jean débarque à La Rochelle avec son armée et part en direction du Poitou. Après avoir assiégé et remporté Mervent le 17 mai, il se rend dès le lendemain devant le château de Vouvant. Ce dernier, alors défendu par Geoffroy Ier et ses deux fils, est assiégé pendant trois jours par des pierriers Anglais. Le troisième jour, le comte de la Marche Hugues IX de Lusignan négocie la reddition de Vouvant auprès de Jean. Après avoir séjourné au château de Vouvant pendant plusieurs jours, Jean sans Terre quitte la ville le 23 mai et retourne à Parthenay le 25 mai 1214. C'est dans cette ville que le roi d'Angleterre installe sa garnison. Dans une lettre datée du 26 mai 1214, il demande à l'arbalétrier Lupillin (déjà mentionné au château de Vouvant en 1203) d'approvisionner le château de Mervent en céréales et en vin. Il précise également dans cette lettre que Geoffroy Ier de Lusignan n'a pas le droit de posséder d'armes. Les jours suivants, Jean sans Terre entre en paix définitive avec la famille de Lusignan lorsque ses membres reconnaissent sa suzeraineté.
Le sceau de Geoffroy Ier de Lusignan appendu à deux chartes de 1215 et 1216 permet de savoir qu'il possède les armoiries suivantes : burelées de dix pièces et chargées d'un lion sur le tout qui n'est pas couronné. Le sceau se compose quant à lui d'un « homme à cheval, armé de toutes pièces » (de La Mure, 1654 et 1809). Dans la charte datée de l'année 1216, Geoffroy, alors extrêmement malade, fait don de biens lui appartenant à l'abbaye de Fontevraud ainsi qu'au monastère de Beaulieu pour « le salut de [son] âme ».
C'est au cours de l'année 1216 que décède Geoffroy Ier de Lusignan selon la Chronique de Bernard Itier (Chronicon Bernardi Iterii) : « Obiit Gaufre de Lesina ».
En 1223, le seigneur de Vouvant Geoffroy II de Lusignan épouse Clémence de Châtellerault et devient donc vicomte de Châtellerault.
Sceau de Geoffroy Ier de Lusignan appendu à une charte datée de 1215 à destination de l'abbaye de Fontevraud.
Crédit image : dessins du sceau et contre-sceau réalisés par Roger de Gaignières au XVIIIe siècle
Hommage de Geoffroy II de Lusignan au roi de France Louis VIII (mai 1224)
Après avoir été nommé roi de France en 1223, Louis VIII entreprend de s'emparer des dernières possessions acquises par les Anglais en France. En mai 1224, Geoffroy II de Lusignan se rend à Bourges pour se soumettre à Louis. Le roi accepte son hommage à une seule condition : lui livrer le château de Vouvant à chacun de ses passages en Poitou pour lui permettre d'y entretenir une garnison durant toute la période de ses voyages. Geoffroy II s'engage également à ne pas construire de nouveau château à Châtellerault sans autorisation préalable du roi. Cet hommage de mai 1224 constitue la première mention historique connue de Geoffroy II de Lusignan en tant que seigneur de Vouvant et vicomte de Châtellerault.
Le sceau Geoffroy II de Lusignan est décrit par Jean Besly au XVIIe siècle, Louis Douët d'Arcq en 1863 et François Eygun en 1938 : il comporte un homme « à cheval marchant à gauche, tête nue, en cotte hardie, sonnant du cor, et tenant de la main droite un chien posé sur la croupe du cheval » (Douët d'Arcq, 1863). L'ensemble est entouré de l'inscription « + SIGILLVM : GAUFRIDI : LEZINIACENSIS ». Le contre-sceau comporte les armoiries de Geoffroy II (burelé, au lion rampant contourné brochant sur le tout) et est entouré de sa devise : « + QVI · PLVS · MORTIS · CONPTEMTOR · QVAM · LEO · FORTIS ». Après échange avec Vincent Corriol, maître de conférences en histoire du Moyen Âge à Le Mans Université, nous pourrions traduire cette devise par : « je brave davantage la mort que le lion vaillant [sous-entendu : ne le fait] ».
Les armoiries et la devise de Geoffroy II sont identiques à celles de son père Geoffroy Ier. Le sceau de Geoffroy II de Lusignan est décrit par Douët d'Arcq d'après celui appendu en décembre 1225 à une plainte des barons de France contre le clergé. Ce même sceau est également attribué à tort à Geoffroy III de Lusignan (décédé avant 1274, fils d'Hugues X de Lusignan) en 1844 dans l'ouvrage Statistique monumentale de la Charente. En effet, le sceau de ce dernier diffère puisque la personne à cheval est dirigée vers la droite et non vers la gauche. Aussi, le contre-sceau de Geoffroy III présente un lion rampant (tourné vers la droite) tandis que celui de Geoffroy II comporte un lion rampant contourné (tourné vers la gauche).
Sceau de Geoffroy II de Lusignan.
Crédit : moulage publié en 1844 par Jean-Hippolyte Michon
Scène équestre du sceau de Geoffroy II de Lusignan.
Crédit : dessin publié en 1880 par Germain Demay
Contre-sceau de Geoffroy II de Lusignan.
Crédit : moulage publié en 1844 par Jean-Hippolyte Michon
Sceau et contre-sceau de Geoffroy II de Lusignan.
Crédit : dessins publiés en 1887 par Benjamin Fillon et Octave de Rochebrune
Armes de Geoffroy Ier et Geoffroy II de Lusignan.
Crédit : Zigeuner sur Wikipédia
Construction d'une nouvelle forteresse par les Lusignan (début du XIIIᵉ, voire fin du XIIᵉ siècle ; dans les années 1225 au plus tard)
C'est très probablement entre la toute fin du XIIe siècle et le début du XIIIe siècle, que de nouvelles fortifications sont construites en avant des anciennes et que la tour Mélusine est élevée (il est parfois indiqué que cette tour est érigée en 1242, cependant il paraît peu probable que ce soit le cas au regard des techniques de construction employées et des éléments architecturaux conservés). Symbole du désir d'ostentation de l'époque, cette haute tour ronde permet alors la défense du nord-ouest de l'éperon. Haute de 36 mètres depuis le bas du fossé, elle se compose de cinq niveaux, dont deux niveaux voûtés en coupole accessibles par un escalier en vis dont l'entrée est située en hauteur afin de rendre l'édifice le moins vulnérable possible face aux potentiels ennemis. Le premier niveau voûté possède une cheminée et permet d'accéder au chemin de ronde du château-fort. Le second niveau possède, quant à lui, une cheminée ainsi que des latrines à conduit biais (avec un débouché vers l'extérieur). L'édifice est percé verticalement d'un assommoir (mesurant 1 mètre sur 1,20 mètre) depuis la plateforme sommitale jusqu'à l'accès à la courtine au sud-ouest du premier niveau voûté. La tour Mélusine possède donc deux fonctions : résidentielle et défensive. En 1694, le périmètre du château fort, comprenant le donjon (la tour Mélusine), est estimé à 140 toises (environ 273 mètres).
Les nouvelles fortifications du bourg, enceinte urbaine d'une longueur d'environ 1,4 kilomètre, sont flanquées d'une trentaine de tours. Les plus imposantes de ces tours sont localisées sur les parties nord et est (propriété actuelle de la Recepte) et se présentent sous la forme de tours demi-circulaires d'une hauteur d'une dizaine de mètres renfermant chacune une salle voûtée. Ces salles sont desservies par une entrée à hauteur de la cour et possèdent trois archères simples chacune. L'accès au chemin de ronde s'effectue par l'extérieur et non par l'intérieur de ces mêmes salles. C'est probablement à l'emplacement actuel de la Recepte que se situait la perception de la seigneurie de Vouvant où les habitants venaient payer les divers impôts seigneuriaux.
De plus, une large fausse-braie (ligne de défense basse) semble être contemporaine de la construction de l'enceinte fortifiée de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe siècle. Cet élément défensif supplémentaire longe les remparts situés au nord-est et à l'est de Vouvant et permet ainsi de créer une sorte de douve surplombant la rivière Mère. Creusée dans le rocher, la fausse-braie permet également de former un terre-plein de circulation afin de longer la zone de l'enceinte située entre la porte aux Moines (au sud-est) et la porte Bouguerin (au nord). Enfin, une levée de terre est présente au devant de l'angle nord-est de l'enceinte, face aux tours de la Recepte. Tout comme la fausse-braie, cette levée serait contemporaine de l'édification de l'enceinte. Elle pourrait ainsi correspondre à une motte supportant une tour de guet ou une motte sur laquelle reposait un pont-levis permettant un accès à la ville par le nord-est des fortifications (cf. localisation de cette levée sur le plan de la cité fortifiée au début de la page).
Le financement de la nouvelle forteresse
Plusieurs hypothèses peuvent être émises concernant le financement de ce nouveau système défensif imposant. En effet, puisque le château a été occupé par une garnison de Jean sans Terre entre août 1202 et février 1203, il convient d'étudier la possibilité d'un financement royal permettant l'édification des éléments fortifiés situés à Vouvant. Cependant, l'étude menée en 2003* sur l'enceinte fortifiée révèle que les caractéristiques des châteaux construits par les Plantagenêts dès 1205 ne se retrouvent pas à Vouvant. Les fortifications ressemblent bien plus aux constructions de la famille de Lusignan comme le château de Villebois bâti après 1220.
Le financement par le dégagement de moyens financiers importants par les Lusignan dans les années 1225 au plus tard semble donc privilégié pour l'édification des éléments fortifiés situés en Poitou. Les fortifications poitevines des Lusignan possèdent des principes novateurs concernant le flanquement qui peuvent être rapprochés des éléments fortifiés qu'ils ont pu découvrir en Terre Sainte.
*Atemporelle, étude portant sur l'analyse des fortifications en vue de leur restauration.
Coupe et plans de la tour Mélusine.
Crédit plans : Ludovic Géron
Château fort : tour Mélusine, tour des Gardes et enceinte
La tour dite de Mélusine.
Crédit photo : Charly et Ludovic Géron (lien Wikimédia)
Voûte en coupole de la seconde salle voûtée de la tour Mélusine.
Crédit photo : Ludovic Géron (lien Wikimédia)
Assommoir vu du haut de la tour Mélusine.
Crédit photo : Ludovic Géron (lien Wikimédia)
Assommoir vu du pied de la tour Mélusine.
Crédit photo : Ludovic Géron
La tour Mélusine depuis le fossé sec situé au sud-ouest.
Crédit photo : Ludovic Géron (lien Wikimédia)
La tour des Gardes depuis l'ancien fossé sec situé au nord-est.
Crédit photo : Ludovic Géron
La tour des Gardes.
Crédit photo : Ludovic Géron (lien Wikimédia)
Salle voûtée en berceau de la tour des Gardes.
Crédit photo : Ludovic Géron (lien Wikimédia)
Remparts nord-est vus depuis la tour des Gardes.
Crédit photo : Ludovic Géron (lien Wikimédia)
Enceinte de ville : fortifications, porte de la Poterne, levée de terre, fausse-braie et tours comprises dans la propriété de la Recepte
La porte de la Poterne et les remparts occidentaux.
Crédit photo : Ludovic Géron
Tour du Couvent ou tour de la Visiation (remparts orientaux).
Crédit photo : Ludovic Géron
Vestiges d'une base de tour (remparts orientaux).
Crédit photo : Ludovic Géron
Levée de terre localisée au nord-est de la propriété de la Recepte et séparée par un fossé visible à droite.
Crédit photo : Ludovic Géron
Dénivelé de la fausse-braie entre la rivière Mère à droite et le chemin aménagé en bas des remparts à gauche (derrière le buisson).
Crédit photo : Ludovic Géron
Fausse-braie aménagée au-devant des remparts orientaux de Vouvant.
Crédit photo : Ludovic Géron
Première tour comprise dans la propriété de la Recepte (vue de la fausse-braie).
Cette tour est intégrée au château de la Recepte édifié au XIXe siècle.
Crédit photo : Ludovic Géron
Deuxième tour comprise dans la propriété de la Recepte.
Crédit photo : Ludovic Géron
Troisième tour comprise dans la propriété de la Recepte.
Crédit photo : Ludovic Géron
Intérieur de la troisième tour comprise dans la propriété de la Recepte.
Crédit photo : Ludovic Géron
Sixième tour comprise dans la propriété de la Recepte.
Crédit photo : Ludovic Géron
Septième tour comprise dans la propriété de la Recepte.
Crédit photo : Ludovic Géron
Huitième tour comprise dans la propriété de la Recepte (vue depuis la fausse-braie).
Crédit photo : Ludovic Géron
Intérieur de la huitième tour comprise dans la propriété de la Recepte.
Crédit photo : Ludovic Géron
Neuvième tour comprise dans la propriété de la Recepte.
Crédit photo : Ludovic Géron
Intérieur de la neuvième tour comprise dans la propriété de la Recepte.
Crédit photo : Ludovic Géron
Onzième tour comprise dans la propriété de la Recepte.
Crédit photo : Ludovic Géron
Intérieur de la onzième tour comprise dans la propriété de la Recepte.
Crédit photo : Ludovic Géron
Accord de Geoffroy II de Lusignan avec le roi d'Angleterre Henri III Plantagenêt (1230)
Vers 1230-1240, les rois de France et d'Angleterre cherchent le soutien de la famille de Lusignan. Tandis que Henri III Plantagenêt débarque en Bretagne en mai 1230, la vicomté de Châtellerault est pris par Pierre Ier de Bretagne, duc de Bretagne. Trahissant le roi de France Louis IX, le duc de Bretagne livre par la même occasion Geoffroy II de Lusignan au roi d'Angleterre. Ce dernier le tient donc prisonnier mais accepte de le libérer à une seule condition. Ainsi, le 6 juin 1230, Henri III exige que Geoffroy II (« Galfrido de Lezynyaco ») s'engage à lui remettre ses châteaux de « Vovent et Merevent » en tant que service loyal (« fideli servicio ») afin de lui assurer sa fidélité. À la suite de cela, Guillaume de Bueles est nommé connétable de Vouvant et Mervent par le roi d'Angleterre : « Eodem modo scribitur Willelmo de Bueles, constabulario de Vovent et Merevent » (Patent Rolls of the Reign of Henry III (1225-1232), 1903). Geoffroy II de Lusignan décide d'accepter la demande de Henri III en juillet 1230 avant de lui rendre hommage en septembre de la même année. Le seigneur de Vouvant est dès lors libéré par le roi d'Angleterre : « deliberavit Galfridum de Lezyniaco » (ibid., 1903). Pour répondre à cet accord avec Henri III, le roi de France Louis IX confisque la vicomté de Châtellerault (entre 1230 et 1233) tenu par Geoffroy II depuis son mariage avec Clémence de Châtellerault. Le seigneur de Vouvant et de Mervent décide donc de renforcer le contrôle de ses forteresses localisées en Bas-Poitou : Vouvant, Mervent et Fontenay.
Le 1er juillet 1232, Geoffroy II « renonce, entre les mains du pape à ses prétentions sur les biens du prieuré » de Vouvant (Archives de la Vendée, Fichier historique du diocèse de Luçon).
En 1232, une charte latine de Geoffroy II de Lusignan indique la présence d'une cohue (halle) à Vouvant.
Un acte émis par Geoffroy II de Lusignan en 1234 nomme ses deux parents : « Goffriz de Lezignen » et « Eustache ». Détail intéressant, son père y est surnommé Geoffroy de Lusignan le Prud'homme (« Goffriz de Lezignen le Prodome » ; Marchegay, 1877).
Avant la Pentecôte 1239, Clémence de Châtellerault décède sans engendrer de descendance avec son époux Geoffroy II de Lusignan. La vicomté ne reste donc pas en possession du seigneur de Vouvant.
Prise de Vouvant par le roi de France Louis IX (mai-juin 1242)
En 1241, les Lusignan, et notamment Geoffroy II, ne veulent pas se soumettre au roi de France Louis IX (Saint Louis). En effet, Hugues X de Lusignan refuse l'hommage à Alphonse de Poitiers, nouveau comte du Poitou et frère du roi, durant les fêtes de Noël 1241 à Poitiers. Au cours du mois de mai, Louis IX assiège Vouvant. La défense du château est alors assurée par Geoffroy II de Lusignan qui y tient une garnison composée d'environ 140 chevaliers et 60 arbalétriers, selon Matthieu Paris. Après plusieurs jours de siège, Geoffroy négocie la reddition de Vouvant auprès de Louis IX, qui prend donc possession de la cité le vendredi 6 juin 1242 : « Ego Gaufridus de Lyzengniaco, miles, notum facio universis ad quos littere presentes pervenerint quod ego karissimo domino meo Ludovico, regi Francie illustri, reddidi castrum meum quod dicitur Vovent, [...] » (Teulet, 1866). Cet acte rédigé à Vouvant porte le sceau de Geoffroy II décrit précédemment. Le château, certainement endommagé, est peut-être réparé et modifié sur ordre du roi.
La charte latine faisant mention de la reddition du 6 juin 1242 nous apprend que Geoffroy II rend son château de Vouvant au roi de France pour une année. Dès lors, une garnison royale y est installée. Une fois cette année passée, le seigneur de Vouvant devra faire hommage lige à Alphonse de Poitiers, comte de Poitiers.
Le 7 avril 1243, le seigneur Geoffroy II de Lusignan (« Gaufridum de Lezigniaco » ; Teulet, 1866) est cité comme l'un des garants, pour le roi de France Saint Louis, de la paix conclue entre ce dernier et le roi d'Angleterre Henri III.
Après la victoire de Louis IX en 1242, Geoffroy II de Lusignan rend hommage lige auprès du comte de Poitou Alphonse de Poitiers, à Vincennes, entre le 12 et le 30 avril 1243 :
Ego Gaufridus de Lezigniaco, miles, notum facio universis quod ego karissimo domino meo Alfonso, comiti Pictavie, feci hominagium ligium, contra omnes homines et feminas qui possunt vivere et mori, de castro meo de Vovento, de feodis de Fontanis et de Soubysio, et de omni alia terra, quam tenebamdenobiliviro H. (Hugone), comite Marchie, per licentiam et voluntatem ejusdem comitis Marchie et uxoris sue regine. – Feci etiam domino meo comiti Pictavie hominagium ligium de castro meo de Mervento, et promisi quod dicta castra mea de Vovento et de Mervento, et alia castra que teneo de ipso domino comite Pictavensi, ad magnam et parvam forciam tradam eidem omino comiti Pictavie, quotiens ab ipso vel ejus certo nuncio fuero requisitus. – Promisi etiam quod per castra mea eidem domino comiti Pictavie vel ipsius hominibus, vel aliquibus qui in servicio suo fuerint, per guerram nullum proveniet dampnum ; et hec omnia supradicta me firmiter observaturum super sacrosancta Evangelia juravi. – In cujus rei testimonium, presentes litteras eidem domino comiti tradidi sigilli mei munimine roboratas. – Actum apud Vicenas, anno Domini millesimo ucentesimo quadragesimotercio, mense aprili.
— Geoffroy II de Lusignan, seigneur de Vouvant, entre le 12 et le 30 avril 1243 à Vincennes (Teulet, 1866)
Par cet hommage au comte de Poitou, Geoffroy II de Lusignan se voit remettre le contrôle de la place de Vouvant. En effet, Saint Louis s'était engagé à lui remettre le château de Vouvant un an après la prise de la place forte à condition de rendre hommage à Alphonse de Poitiers.
En mai 1246, Geoffroy II de Lusignan (« Gaufridus de Lezeigniaco » ; Métais, 1905) compte parmi les signataires de la déclaration de la noblesse de l’Anjou et du Maine précisant à la demande de Saint Louis certains articles de la coutume féodale. Son sceau, décrit par Douët d'Arcq d'après celui apposé en 1225, est appendu à cet acte.
Armes de Geoffroy II de Lusignan issues de son sceau appendu en 1243 à l'hommage effectué envers Alphonse de Poitiers.
Crédit : armes dessinées par Jean Besly au XVIIe siècle
Déclaration de la noblesse de l’Anjou et du Maine précisant, à la demande de Saint Louis, certains articles de la coutume féodale (mai 1246)
Crédit : AE/II/244 Cote d’origine : J//178/20
L'ère des l'Archevêque de Parthenay
(1247/48-1419)
En 1247 ou 1248, Geoffroy II de Lusignan meurt et est mis en terre dans l'église Notre-Dame de Vouvant comme il l'avait souhaité lors de la rédaction de son testament en janvier 1247, juin 1247 ou janvier 1248. Il est alors probablement inhumé dans la chapelle nord de Notre-Dame où il avait fondé une chapellenie desservie par un prêtre.
Même si la date de disparition de Geoffroy II n'est pas connue avec exactitude, il semble cohérent de la placer en l'an 1247, selon les documents connus faisant référence au décès de ce seigneur. Son testament est quant à lui daté le plus souvent de janvier 1247.
Item volo et præcipio quod de terra mea de Subizia, cum omnibus fructibus et pertinentiis, usque ad duos annos continuos et completos, de consensu et voluntate Hugonis Archiepiscopi domini Partiniaci, qui de hoc tenendo spontaneus fidem dedit, et de Mairevento et Volvento et Muncantorio cum omnibus pertinentiis, redditibus, proventibus et alus rebus quas ibi habere debeo, usque ad quatuor annos fiant elemosinæ meæ et emendæ et debita mea persolventur ; salva tamen dote Audæ, uxoris meæ, quæ est C. marcarum annui redditus sicut in carta sua, sibi data et tradita, continetur.
Item lego C. libras Arpino, filio meo ; et similiter C. libras Aaliz, filiæ mæe ; et similiter Borgoigne C. libr. in pecunia numerata.
Eligit sepulturam in ecclesia B. Mariæ de Volvento, coram altare Capellaniæ et instituit ibi unam capellaniam cum quodam Presbitero.
— Geoffroy II de Lusignan, testament de 1247 ou 1248 (Charles Farcinet, Les anciens sires de Lusignan, 1897, p. 30 et 31)
« Item, je veux et ordonne que de ma terre de Soubise avec tous ses revenus et dépendances, pendant deux années continues et complètes, du consentement et de la volonté de Hugues II de Parthenay-l'Archevêque, seigneur de Parthenay, qui a promis sous la foi du serment et de sa libre volonté de donner son consentement ; et aussi de mes terres de Mervent, Vouvant et Moncontour, avec toutes leurs appartenances et revenus et des autres choses que je dois y avoir, pendant quatre ans, — soient faites mes aumônes et amendes, et que mes dettes soient payées ; réserve faite de la dot de Aude, ma femme, qui est de cent marcs [d'argent], de revenu annuel, comme il est contenu dans la charte à elle donnée et livrée.
Item, je lègue cent livres à Arpin, mon fils, et aussi cent livres à Aelis, ma fille et aussi cent livres à ma fille Bourgogne, en argent comptant.
Je choisis de me faire inhumer dans l'église Notre-Dame de Vouvant, devant l'autel de la chapellenie que j'ai fondée et qui est desservie par un prêtre. »
Traduction partielle de Charles Farcinet dans Les anciens sires de Lusignan, 1897, p. 30 et 31
Une inscription présente sur le mur sud de l'absidiole nord lui est traditionnellement attribuée (l'inscription avait été datée du XIIIe siècle à la fin du XIXe siècle) : « QUONDA(M) PRECLARI SED NUNC CINIS ATQ(UE) FAVILLA † », signifiant « autrefois célèbres, maintenant cendre et poussière » (Corpus des inscriptions de la France médiévale, 2008). Cependant, il paraît très peu probable que cette inscription concerne ce seigneur de Vouvant puisque l'étude paléographique la plus récemment effectuée (2008) indique une datation du XIe siècle.
Inscription latine présente dans le mur de l'absidiole nord.
Crédit photo : Ludovic Géron
Geoffroy II étant décédé sans donner en héritage ses fiefs à sa femme Aude et ses trois enfants, la seigneurie de Vouvant passe aux mains de sa nièce Valence de Lusignan (décédée après février 1262). En effet, il semble probable que les trois enfants de Geoffroy II, Arpin, Aelis et Bourgogne, soient nés d'une union illégitime et qu'ils soient donc considérés comme des bâtards.
Dès le passage des fiefs tenus par Geoffroy II à Valence de Lusignan, cette dernière les transmet à son époux Hugues II l'Archevêque († 1271), seigneur de Parthenay, avec qui elle s'était mariée avant le mois de septembre 1248. La seigneurie de Vouvant entre donc dans la famille des l'Archevêque (ou Parthenay-l'Archevêque), une des premières en Poitou.
En 1248, Hugues II l'Archevêque rachète les seigneuries de Vouvant, Mervent et Soubise pour 6 000 livres. Ce paiement correspond au droit de rachat qui autorise Hugues II a jouir des fiefs obtenus par Valence de Lusignan du fait qu'elle soit uniquement la nièce de Geoffroy II.
Au mois de septembre 1248, Hugues II l'Archevêque rend hommage de ses seigneuries à Alphonse de Poitiers, comte de Poitiers et frère du roi Saint-Louis :
Hugo, dictus Archiepiscopus, dominus Parteniaci et Volventi, universis presentes litteras inspecturis, salutem. Noveritis quod nos karissimo domino nostro, Alfonso, filio regis Francie, comiti Pictavensi, fecimus homagia ligia, contra omnes homines et feminas qui possint vivere et mori, de castris nostris Parteniaci, Volventi, Maireventi, Sobisie, et pertinenciarum, et aliis ad feodum dicti domini comitis pertinentibus ; et tenemur dicto domino comiti castra nostra, que ad presens tenemus et tenebimus ; ad forciam magnam et parvam, quocienscumque ab ipso domino comite, vel ejus nuncio suas patentes litteras deferene, super hoc fuerimus requisiti. – Actum apud Pictavim, anno Domini MCCXL octavo, mense septembri.
— Hugues II l'Archevêque, hommage de septembre 1248 rédigé à Poitiers (Laborde, 1875)
En juin 1250, un accord concernant l'exécution du testament de Geoffroy II de Lusignan est conclu entre Valence et Hugues II, d'une part, et les exécuteurs testamentaires, Guillaume Fort (chevalier) et Foucque Petit (chevalier), d'autre part. Dans son testament de 1247 ou 1248, Geoffroy II lègue notamment un revenu annuel de cent marcs d'argent à sa seconde femme Aude ainsi que cent livres en argent comptant à ses trois enfants Arpin, Aelis et Bourgogne.
Un document, possiblement daté de 1250 ou 1251, indique qu'Alphonse de Poitiers installe une garnison sous les ordres d'un châtelain comtal à Vouvant. Celle-ci lui coûte huit sous deux deniers par jour : « Vovantum, 8s. 2d. » (Boutaric, 1870).
Le 9 septembre 1265, Hugues II l'Archevêque prête hommage à l'abbé de Saint-Maixent pour les fiefs et arrière-fiefs qu'il tient de lui. Cet hommage ne concerne pas le château de Vouvant : « [...], exepto feodo de Volvento, [...] » (Richard, 1886).
Le 3 décembre 1266, le château de Vouvant est mentionné dans un acte rédigé par le comte Alphonse de Poitiers : « Castrum Volventi [...] » (Molinier, 1900).
Sceau de Guillaume VI l'Archevêque, seigneur de Parthenay et de Vouvant, apposé sur une lettre de 1275.
Crédit : dessin du sceau reproduit par Jean Besly au XVIIe siècle
En 1294, le seigneur de Vouvant Guillaume VI l'Archevêque reconnaît qu'il n'a aucune juridiction sur le prieuré de Vouvant.
Au cours du XIIIe siècle ou avant la Guerre de Cent Ans au XIVe siècle, le château de Vouvant subit encore des modifications. Au XIVe siècle, les l'Archevêque, seigneurs de Parthenay, réparent en effet les fortifications de leurs possessions situées en Poitou, Saintonge et Aunis et y installent des garnisons afin d'en assurer la défense. Concernant Vouvant, le donjon est restauré et l'enceinte est élargie à la superficie totale de l'actuelle place du Bail détachée du bourg castral par un fossé sec.
À la fin du mois de mars 1305, l'archevêque de Bordeaux et futur pape Bertrand de Got entame une visite des abbayes et églises de son archidiocèse et se rend notamment à Vouvant.
Le 9 octobre 1327, Jean Ier l'Archevêque se trouve dans son château de Vouvant lorsqu'il confirme une donation importante en faveur de l'église Saint-Jean-Baptiste de Ménigoute.
En 1349, les châtellenies de Parthenay, Vouvant et Mervent sont réunies en un seul fief par le roi de France à la demande de Jean Ier de l'Archevêque, seigneur de Parthenay. Le 1er novembre 1361, les ressorts de Vouvant et Mervent, qui dépendaient jusqu'alors de la juridiction de Fontenay-le-Comte sont transférés à Saint-Maixent à la suite du traité de Brétigny.
En 1380, Guillaume d'Izé est cité comme capitaine de Vouvant.
Au mois de novembre 1390, les commissaires répartiteurs décident de taxer les villes, châtellenies et ressorts de Vouvant et de Mervent de 730 livres. Cette taxe fait suite à une aide de 10 000 francs versée par la province au comte de Poitou Jean de Berry. La taxation concerne également la ville, châtellenie et le ressort de Parthenay dont la somme demandée est égale à 770 livres.
Un acte daté du 15 février 1400 comprend le sceau de la châtellenie de Vouvant. Le sceau comporte notamment les armoiries des seigneurs de Parthenay, aussi seigneurs de Vouvant à cette période : un « écu d'un burelé, à la bande » (Douët d'Arcq, 1867).
Le 7 avril 1406, Jean II de l'Archevêque nomme Guillaume de la Court en tant que capitaine de Vouvant. Celui-ci avait déjà été nommé capitaine de la ville et du château de Parthenay le 19 novembre 1401.
En 1411, Brunissande de Périgord (décédée en 1424), femme de Jean II, demande aux moines du prieuré de Vouvant de lui réaliser un psautier. Ce dernier, qui comporte de nombreux décors (lettrines notamment), est actuellement conservé à la British Library de Londres. Le psautier de Brunissande de Périgord est très intéressant puisque la date et le lieu de fabrication y sont cités : « Iste liber est nobilissime ac illustrissime domine. domine Brunisandi de Petragora. domine Pertiniaco et de Mathefelomo. quem fecit fieri ad Voluentum. ad laudem et honorem Dei et gloriose uirginis Marie. Anno domini M°.CCCC°.vndecimo. Oro Christum quem assidue implorat. Ut eam in libro uite ascripbat. » (signifiant « Ce livre appartient à très noble et très illustre dame, Dame Brunissande de Périgord, dame de Parthenay et de Mathefelon. Elle l'a fait faire à Vouvant, à la louange et en l'honneur de Dieu et de la glorieuse Vierge Marie, l'année du Seigneur 1411. Je prie le Christ, qu'elle implore assidument, qu'Il l'inscrive au Livre de vie. » ; Rézeau, 2019).
Prise de Vouvant par Arthur de Richemont (1415)
Par lettre du 6 mai 1415, le roi de France retire le statut de sénéchal de Poitou à Jean II l'Archevêque et lui confisque ses terres de Parthenay, Secondigny, Béceleuf, Coudray-Salbart, Vouvant, Mervent, Châtelaillon, etc. En effet, après avoir pris parti pour le duc de Berry et le duc d'Orléans en 1410, Jean II les abandonne dès 1413 pour servir les Bourguignons (alliés des Anglais). Les biens de Jean II sont tout d'abord donnés à Louis de Guyenne (duc de Guyenne) par lettre du 14 mai 1415 avant que ce dernier décide de les confier à son favori Arthur de Richemont le 23 mai 1415. En 1415, Arthur de Richemont combat donc Jean II l'Archevêque et investit Vouvant après s'être emparé de Parthenay. Il est précisé que la place forte de Vouvant est livrée par Brunissande de Périgord, dame de Parthenay et femme de Jean II. Avant la prise de Vouvant en 1415, Brunissande de Périgord avait été enfermée dans le château de Vouvant par son mari Jean II l'Archevêque. Un registre du parlement de Paris indique cela :
« Jeudi 15 juillet 1417. Entre Mme Brunissant de Pierregort, dame de Partenay, d'une part, et le seigneur de Partenay, d'autre part.
[...] le sire de Partenay promena ladicte dame en plusieurs places et lieux, et tenoit ladicte dame enfermée où il la traictoit assez estrangement, en la faisant agenoiller et baisier la terre où il marchoit ; et, après la mort du père dudit seigneur de Partenay, fu emmenée ou chastel de Partenay, où elle fu traictée plus durement que paravant ; et, pour ce que feu monseigneur de Berry lui rescripvy qu'il la voulsist traictier plus doulcement, il envoya ladicte dame ou chastel de Vouvant et fist un edict que nul n'entrast oudit chastel, pour faire guet ou autrement, s'il n'avoit quarante ans ; et envoyoit gens devers elle, pour enquérir de ce qu'elle disoit ou faisoit, et ne vouloit voir homme qui dist bien d'elle, et n'aloit ne venoit devers elle que pour espier et enquérir de son estat ; et, pour mauvaise (sic) soupeçon qu il avoit sans cause contre elle, lui a appuyé l'espée sur elle, en lui disant qu'il la tueroit, s'elle ne lui disoit plainement de son estat ce qu'il lui demandoit. Dit oultre que, depuis que monseigneur de Richemont ala, par lordonnance du Roy, en la terre de Partenay, pour mectre les terres dudit seigneur de Partenay en la main du Roy, ouquel ladicte dame, en obeissant au Roy, delivre la ville et le chatsel de Vouvant, elle n'osa retourner devers son mary, qui la menaçoit de faire morir, etc. »
— Transcription effectuée par Eugène Cosneau dans Le connétable de Richemont (Artur de Bretagne) (1393-1458), p. 486
Couronne de France
(1419-1424)
Le 19 novembre 1419, Jean II l'Archevêque vend ses baronnies de Vouvant et de Mervent au dauphin régent Charles VII pour 141 000 écus d'or.
L'ère d'Arthur de Richemont
(1427-1458)
En 1424, Charles VII, devenu roi de France, dispose les seigneuries de Vouvant et Mervent en faveur d'Arthur de Richemont, dont ce dernier prend possession en 1427 et les conserve jusqu'à sa mort, en 1458.
Entre 1427 et 1430, Robin Denisot est nommé receveur des ventes des bois et forêts de Vouvant et Mervent pour le comte de Richemont.
Un mandement d'Arthur de Richemont daté du 20 octobre 1432 indique que Henry de Launay est capitaine de son château de Vouvant : « A Henry de Launay, cappitaine de Vovant, en Poittou, par mandement de monseigneur, donné du XXe jour d'octobre mil CCCCXXXII, [...] » (Pocquet du Haut-Jusse, 1916).
Le 21 novembre 1442, Arthur de Richemont passe à Vouvant lors de son voyage le menant à Rennes pour la célébration du mariage de son neveu François Ier de Bretagne. Ce passage est confirmé par la signature d'un mandement par Arthur de Richemont au château de Vouvant ce même jour.
Réparations du château de Vouvant (1444-vers 1448)
En 1444-1445, Arthur de Richemont entreprend de grands travaux de remise en état et d'aménagements au château de Vouvant. Il fait ainsi peut-être construire une nouvelle enceinte fortifiée au nord-ouest du château baronnial, l'enceinte du Château-Neuf, incluant l'ancienne motte castrale. Il fait également appel à Jean Vayron (maître-maçon) pour réparer quelques bâtiments de la cité fortifiée, dont les logis et la chapelle du château et construire ou améliorer une tour d'artillerie, la tour Baboin, dont la localisation est inconnue.
Le Château-Neuf, englobant la motte castrale.
Crédit photo : Charly et Ludovic Géron
Une lettre du 20 février 1445 indique qu'Arthur de Richemont a bien pris connaissance de l'accord du roi de 1444 lui permettant de percevoir des taxes plus importantes de ses places de Parthenay, Vouvant et Fontenay afin d'y mener les réparations nécessaires :
« Nous, Artur, filz et oncle de duc de Bretaigne, conte de Richemont, seigneur de Parthenay, Fontenay et Vouvent, et connestable de France, confessons avoir eu et receu de Pierre Pereaut, commis en Poitou par monseigneur le Roy à recevoir la porcion de l'aide de NCM. fr. mis sus en ses pays de Languedoil, au moys de février CCCCXLIIII, la somme de XVIIC l.[ivres] t[ournoys], laquelle mondit seigneur le Roy nous a ordonnée estre baillée et délivrée, pour convertir ès repparacions de noz villes et chastellenies desdiz lieux de Parthenay, Fontenay et Vouvent, ainsi que plus à plain est contenu ès lectres patentes de mondit seigneur le Roy sur ce faictes. De laquelle somme de dix-sept cens livres tournoys nous nous tenons pour bien paié et content et en avons quicté et quictons et promectons, par ces présentes, acquicter ledit receveur de ladicte somme, envers tous et contre tous. Donné soubz noz scel et seing manuel, le vingtiesme jour de février, l'an mil CCCC quarante et cinq »
— Arthur de Richemont, le 20 février 1445 (acte transcrit dans Eugène Cosneau, Le connétable de Richemont (Artur de Bretagne) (1393-1458), p. 618)
En 1447, les habitants des châtellenies de Vouvant, Parthenay et Mervent sont taxés par une taille (impôt) d'une valeur de 1 200 livres par le trésor royal.
Une lettre datée du 19 octobre 1448 indique que les fortifications de Parthenay, Vouvant et Fontenay sont en cours de réparation : « Le 19 octobre 1448, J. Secillon, commis par le comte de Richemont receveur des deniers pour les réparations et remparement de Parthenay, Vouvant et Fontenay-le-Comte, reçoit d'Antoine Vousy, receveur des tailles en Poitou, la somme de 1 700 l.[ivres] t.[ournoys]. » (Cosneau, 1886).
L'ère des d'Orléans-Longueville
(1458-1694)
En 1458, la seigneurie de Vouvant échoit à Jean de Dunois, bâtard d'Orléans. En effet, avec la mort d'Arthur de Richemont le 26 décembre 1458, le domaine de Vouvant et Mervent entre dans le domaine royal. Le roi de France Charles VII en fait par la suite don à Jean de Dunois (petit-neveu de Jean II de Parthenay-l'Archevêque par le biais de sa deuxième femme Marie d'Harcourt, dame de Parthenay).
Il semblerait que Jehanne, fille de Jean de Dunois décédée vers l'âge de 9 ans, soit inhumée dans l'église Notre-Dame de Vouvant ou Saint-Médard de Mervent. En effet, le testament rédigé par Jean de Dunois et son épouse Marie d'Harcourt au début du mois d'octobre 1463 indique que : « Item veullent et ordonnent lesdits conte et contesse estre achatée la somme de quarante livres tournois de rente au pais de Poictou, pour fondation d'une basse messe laquelle ont fondée et ordonnée estre dite et célébrée chacun jour en l'esglize de [Mervant ou Vouvan] pour le salut de l'âme de leur fille Jehanne, enterrée en icelle esglize ». La localisation de la sépulture de Jehanne diffère donc en fonction des transcriptions de ce testament. Ainsi, la localisation est portée à « Vouvan » selon la copie de Polluche conservée aux archives du Loiret tandis qu'elle est portée à « Mervant » selon Gyvès et le manuscrit 1122 de Clairambault.
Grand programme sculpté gothique du portail nord de l'église Notre-Dame (vers 1458/1464)
C'est vraisemblablement entre 1458 et 1464 que le portail nord est surmonté d'une partie triangulaire ornée de sculptures gothiques. En effet, selon Sylviane Van de Moortele (1996), celle-ci aurait été édifiée entre l'arrivée de Jean de Dunois en tant que seigneur de Vouvant en 1458 et le décès de sa femme Marie d'Harcourt en 1464. Trois éléments sculptés sont rajoutés :
- Un premier ensemble surmonte la partie romane du portail nord. Il s'agit de la Cène où les Douze Apôtres sont représentés autour de Jésus. Plusieurs apôtres sont facilement reconnaissables : saint Pierre (assis à la droite du Christ et tenant ses clés) ainsi que Judas (agenouillé à la gauche du Christ). Un serviteur, debout et tenant une amphore dans ses mains, est présent à la droite de la longue table rectangulaire. Les éléments drapés des personnages sont représentés avec une grande souplesse. Enfin, chacun des personnages est surmonté d'une arcature trilobée permettant de servir de support à l'élément sculpté au-dessus de la Cène.
- Un deuxième élément sculpté surplombe la Cène et s'étend jusqu'à l'extrémité du pignon triangulaire. Il s'agit de l’Ascension du Christ qui fait suite à sa Résurrection. Les Douze Apôtres sont représentés debout, le regard dirigé vers le Christ qui s'élève vers le ciel. Les drapés ainsi que certaines attitudes sont représentés de manière à évoquer du mouvement. Deux personnages agenouillés sur un décor végétal sont présents au centre de la scène. L'interprétation de ceux-ci diffère selon les auteurs : la Vierge et une sainte femme ou encore la Vierge et Marie-Madeleine. Cependant, Sylviane Van de Moortele suggère qu'il s'agit ici de deux donateurs, un homme à droite et une femme à gauche. En effet, un indice important concerne les vêtements des deux personnages puisqu'ils sont habillés du même manteau dont la lisière est soigneusement décorée. Les détails de leurs visages et du mouvement des drapés sont également plus soignés par rapport au reste de la composition. Les deux personnages représentés correspondent donc certainement à Jean de Dunois et son épouse Marie d'Harcourt. De plus, cette hypothèse semble confirmée par la présence d'un écu sur le tympan du portail nord. Celui-ci, qui était très certainement peint (surface lisse), comporte une tête de bélier comme cimier et deux aigles essorants comme support. Ces éléments correspondent alors avec certitude aux armes de Jean, comte de Dunois et de Longueville, dont la description est : D'azur à trois fleurs de lys d'or, au lambel à trois pendants d'argent, à la traverse d'argent. L'écu (penché) timbré d'un heaume couvert de lambrequins et cimé d'une tête de bélier, supporté par deux aigles essorants. La scène de l'Ascension se termine par la présence de deux anges surmontés du Christ.
- Enfin, un dernier ensemble est ajouté au milieu du XVe siècle : il s'agit de la corniche surplombant les deux portes de l'église et des deux sculptures situées de part et d'autre du portail roman. Ces dernières représentent une Vierge à l'Enfant (dans un état très dégradé) à gauche et saint Jean-Baptiste à droite. L'ajout de ces personnages bibliques peut être rapproché du fait que saint Jean-Baptiste et la Vierge sont les saints patrons de Jean de Dunois et de Marie d'Harcourt. Cela confirmerait donc la datation de ces éléments sculptés entre l'arrivée de Jean de Dunois en tant que seigneur de Vouvant en 1458 et le décès de son épouse Marie d'Harcourt en 1464.
Le grand ensemble sculpté datant du milieu du XVe siècle est à rapprocher des sculptures de la Sainte-Chapelle de Châteaudun érigée selon la volonté de Jean de Dunois entre 1460 et 1490. Les ornementations y possèdent les mêmes caractéristiques que la partie haute du portail nord de Notre-Dame de Vouvant : mouvements des drapés, détails des visages et notamment des barbes soigneusement peignées.
Partie haute, gothique, du portail nord.
Crédit photo : Ludovic Géron
Détail de l’Ascension du Christ : il s'agirait ici, au centre, de Jean de Dunois et de son épouse Marie d'Harcourt tous deux vêtus d'un manteau dont la lisière est soigneusement décorée.
Crédit photo : Ludovic Géron
Écu de Jean de Dunois sculpté entre les deux portes jumelles du portail nord.
Crédit photo : Ludovic Géron
Armoiries de Jean de Dunois portées après 1439.
Crédit : Thom.Lanaud pour le projet blason de Wikipédia
Un document de 1471 indique que la chapelle de Notre-Dame de la Belle-Croix est fondée à La Châtaigneraie-sur-Vouvant.
Des lettres de Louis XI, datant du 8 juillet 1482, indiquent que Vouvant et Mervent étaient du ressort de Saint-Maixent, et que, par une commission du 2 septembre 1505, donnée par André de Vivonne, sénéchal du Poitou, les ressorts et juridictions de Vouvant et Mervent restent au siège de Poitiers.
Le 7 avril 1487, le roi de France Charles VIII confie la garde de Parthenay, Vouvant, Mervent et Coudray-Salbart à Jacques de Beaumont, seigneur de Bressuire. En effet, le roi avait confisqué les domaines du comte de Dunois au cours de la Guerre folle (1485-1488).
Nouvelles armoiries données à Vouvant, Mervent et Mouilleron (avant 1515/16)
Avant le début du XVIe siècle (avant 1515/16), de nouvelles armes sont données aux seigneuries de Vouvant, Mervent et Mouilleron. Elles sont décrites comme suit : « ung escu burelé d'argent et d'azur à deux serpents de gueulles » (Jean de Baudreuil, 1524/25-1534). Les armes attribuées à ces seigneuries sont visibles dans un ouvrage enluminé daté entre 1524/25 et 1534 décrit comme un « sommaire abrégé » des différentes terres possédées par Louis II d'Orléans. L'ouvrage, orné des différentes armes des fiefs, est réalisé par Jean de Baudreuil et dédié à Louis II d'Orléans, duc de Longueville, marquis de Rothelin, comte de Dunois, etc. Les armoiries attribuées à Vouvant remplacent les armes des seigneurs de Parthenay qui possédaient les deux seigneuries entre 1247/48 et 1419. Les armes données à Vouvant, Mervent et Mouilleron semblent grandement inspirées de celles de la famille de Lusignan dont elles empruntent le fond burelé d'argent et d'azur. La présence de deux serpents qui se font face est à rapprocher de la légende de Mélusine à laquelle l'auteur de l'ouvrage fait d'ailleurs référence : terres données « [...] par Melusine a fon filz Geoffroy a la grand dent qui est inhume en l'Eglise dudit Vouvans. ».
Les armes de la seigneurie sont restées par la suite le symbole de la commune de Vouvant, cette dernière les réutilisant pour ses armoiries à partir de juin 1991 (l'alternance entre l'azur et l'argent diffère des armes de la seigneurie, notamment sur les plaques de rue).
Les armoiries successives de la seigneurie de Vouvant :
Crédits : Ludovic Géron ; armoiries issues de Wikipédia et d'ouvrages numérisés sur Gallica
Au XVIe siècle, une fontaine monumentale aurait été érigée en l'honneur de la fée Mélusine dans la cour principale du château-fort. Uniquement alimentée par l'eau de pluie, elle se serait présentée de la manière suivante : un bassin en granit supporté par quatre figures en calcaire à l’effigie de la fée. Au-dessus de la cuve, une autre représentation de Mélusine aurait été présente tenant un miroir dans une main et un peigne dans l'autre, lançant de l'eau par la poitrine. Une seule des quatre figures de Mélusine, qui semble provenir de cette hypothétique fontaine, est encore conservée dans le château privé de la Recepte.
En 1526, la ville de Vouvant et ses fortifications font l'objet de réparations. En effet, un document daté du 23 mai indique la réparation des clôtures, murailles et fortifications de la ville de Vouvant :
« La court du scel etably à Vouvant.
Sachent tous que en la court du scel etably en présent contrat à Vouvant, et par devant les jurés et nonobstant dicelle ont estez présentés et personnellement establiz en vos honorables personnes Maistre Pierre Baudet, Garin Barthélémy, Lois Brusseau, Blaise Galfart, Guillaume Chassay, Mathurin Coulon mainmorts et habitants de la ville et paroisse dudit Vouvant et faisant serment ...En suit le don fait aux paroissiens mainmorts et habitants dudit lieu a eulx fait par le tres hault et tres puissant seigneur Monseigneur Larchevesque le vingt-troisième jour de may mil cinq cens vingt et six. François Tailleron, procureur général au dit Vouvant a pour nous Seigneur chargier et emploier en réparation des portantz, murailles et cloustures, fortiffications et resparation de la dite ville de Vouvant, la somme de trois cent louis tournois mentionnés dans le dit don les baillants et paiant à nycolas Gottereau Receveur du dit Vouvant et fermier général et le dit don a été fait par le dit Gottereau aux mainmorts et personnellement étably scelon ce qu'ensuivent. »
— Archives Nationales. R1 202, dossier 4, Anciens titres et domaines de Vouvant et Mervent de la dépendance de celui de la Meilleraye, Folio 1
Description de la ville fortifiée de Vouvant effectuée en 1526
En 1526, une description très intéressante de la cité fortifiée est effectuée à la suite de la réformation du livre terrier des baronnies de Vouvant et Mervent. Cette description de la ville de Vouvant indique qu'elle possède trois portes d'accès :
- Au nord : la porte Bouguerin, sous la forme d'une tour carrée avec accès par pont-levis ;
- À l'est : la porte aux Moines, vraisemblablement sous la forme d'un châtelet entouré de deux tours rondes, et dont l'accès est assuré par le pont médiéval ;
- À l'ouest : la porte de la Poterne ou, plus simplement, la Poterne (appelée aussi parfois porte Saint-Louis ou poterne de Saint-Louis). Selon la tradition, c'est par cette porte que le roi Saint Louis entre dans la cité fortifiée en 1242 lors de sa victoire sur la famille de Lusignan. Cette porte est utilisée de manière secondaire pour accéder au bourg castral de Vouvant. Il s'agit d'une poterne (d'où son appellation locale de « Poterne ») dissimulée dans l'enceinte fortifiée et protégée par une tour carrée.
« La dicte ville est assise en une montaigne basse, circuye et environnée d'eau de toutes pars, sauf du cousté du château et devers la porte Bouguerin estant de lad. ville, et aussi environnée lad. ville de toutes pars de montaignes plus hautes que n'est lad. ville et est de mauvaise advenue. Laquelle ville a deux portes principalles, l'une appellée la porte aux moynnes, par davant laquelle a ung pont dormant soubz lequel passe la rivière appellée Mere, et lad. porte ou portal est à deux tours rondes et se fermet à porte frement sans pons levys touteffoys les habitants durant qu'ilz en voullant faire ung. Et par le dedans de lad. ville en tirant à main droicte on va dud. portal aux moynnes au portal et porte Bouguerin, entre les queulx deux portaux sont les murs de lad. ville garnyz de tours à chacun pan de mur, et par le dehors sont les d. murs garnyz de douhes, au long desquelles douhes est lad. rivière de la Mere. Et lequel portal Bouguerin est carré à quatre carrez et se fermet à pont leveiz et portes fermentes, et y souloit avoir ung ratteau que les habitants ont baillé à reffayre à Jehan Mayner ensemble celluy de la porte aux moynes. Et anprès lad. porte Bouguerin est la porte de lad. ville dud. portal Bouguerin, à laquelle un pan de mur qui se tousche aud. chasteau et est assis à travers la douhe dud. chasteau et de lad. porte aux moynnes en tirant aud. chasteau et l'autre partie de la muraille de lad. ville laquelle est garnie de tours à chascun pan de mur. Et par le dehors et autour desd. douhes est la rivière et jusques aud. chastel, léquel chastel fait la clousture par icelluy cousté des deux boutz de lad. ville. Auquel cousté senextre de lad. muraille a une pouterne fermante de porte pour aller de lad. ville à Fontenay-le-Compte. Et on mellieu d'icelle ville devant l'église dud. lieu sont les halles de lad. ville, du bout desquelles est l'auditoyre où se tient la jurisdiction, lesquelles halles et audictoire sont en bon estat et reparation. »
— Description de la ville effectuée par les maîtres Guillaume Rousselet (de Châteaudun), François du Doet (de Parthenay) et François Caillaud (de Vouvant) en 1526, Annuaire départemental de la Société d'émulation de la Vendée, L. Gasté, 1875, pp. 52-55
Dans cette même description, il est également indiqué que le château-fort se compose :
- d'un pont-levis associé à une porte pour accéder au château ;
- d'une chapelle ;
- d'une « grosse tour carrée » à l'entrée du château, accolée à l'enceinte de celui-ci, et assortie, à l'avant, de deux tours rondes ;
- de deux puits (un devant la chapelle et l'autre au milieu de la cour du château) ;
- de fossés secs séparant le château-fort du village fortifié ;
- d'une poterne permettant l'accès, par le biais d'un pont-levis, à l'enceinte fortifiée du Château-Neuf par le donjon (tour Mélusine).
« Aussi avons descript le chasteau dud. Vouvent, par davant lequel a une place et à l'entrée dud. chasteau ung pont levys et une porte, pour entrer une beste chargée et homme dessus à cheval, jougnant d'une grosse tour carrée dud. chastel. Et quant on est dedans à mains dextre est lad. tour carrée, laquelle tour est faicte par le devant à deux petites tours rondes maximes, et de la quelle grousse tour est cheut partie par le dedans du chastel. Aussi a certaines tours maximes et une autre grant tour entre laquelle a une cuisine, où a présent demouret le lieutenant du cappitaine, souloit avoir une salle basse et une salle haulte et par dessoubz lad. salle basse est la cave, et au bout de lad. salle haute est la chapelle dud. chasteau, laquelle est voultée, lesquelles chouses sont toutes tumbées en ruyne ; et de l'autre cousté a une pouterne ou yssue pour saillir en un jardin appelé Chasteauneuf, et on milieu du d. chasteau a une cour et en icelle un puys, en my le milieu, et ung autre puys devant la chapelle dud. chasteau. »
— Description de la ville effectuée par les maîtres Guillaume Rousselet (de Châteaudun), François du Doet (de Parthenay) et François Caillaud (de Vouvant) en 1526, Annuaire départemental de la Société d'émulation de la Vendée, L. Gasté, 1875, pp. 52-55
Restitution hypothétique du château de Vouvant (maquette présentée à l'office de Tourisme de Vouvant).
Crédit photo : Ludovic Géron
Détail de la restitution hypothétique du château de Vouvant.
Crédit photo : Ludovic Géron
Détail de la restitution hypothétique du château de Vouvant.
Crédit photo : Ludovic Géron
Renaissance et guerres de Religion (fin du XVIᵉ siècle-XVIIᵉ siècle)
Dans les années 1570-1580, Adam Tiraqueau est nommé gouverneur de Parthenay et de Vouvant.
La ville fortifiée connaît son apogée au cours de la Renaissance. En effet, cité puissante et prospère, Vouvant règne alors sur de nombreux fiefs situés en Poitou et en Aunis.
Cependant, les guerres de Religion ont de lourds impacts sur sa puissance et sa beauté. Durant cette période de conflits religieux entre catholiques et protestants, la cité médiévale se range du côté des catholiques.
En novembre 1586, la ville de Vouvant est surprise et pillée par les huguenots malgré la lettre de sauvegarde rédigée par Henri de Navarre (futur Henri IV, roi de France). À la suite de cela, Catherine de Médicis demande à Malicorne (gouverneur du Poitou) puis à Henri de Navarre de faire libérer la cité fortifiée (lettres du 18 et du 21 novembre 1586).
Lors des guerres de Religion, le château de Vouvant héberge des membres des deux camps. Ainsi, durant une trêve en 1586, Charles-Emmanuel de Savoie-Nemours (duc de Nemours et l'un des chefs de la Ligue catholique) est reçu au sein du château-fort. L'année suivante, le 12 septembre 1587, Henri de Navarre séjourne au château de Vouvant après le siège donné à Fontenay-le-Comte.
En 1588, les huguenots, sous l'ordre du duc de la Trémoille, attaquent la porte de la Poterne, sans succès, laissant 200 morts sur le terrain. Ils essayent tout d'abord de mettre le feu, avant de tenter une escalade de plein jour des remparts mais sont chassés par Jean de Chourses (seigneur de Malicorne et gouverneur du Poitou de 1585 à 1603). L'église est incendiée, la voûte de la nef s'effondre et les piliers sud sont détruits. Ainsi, alors que Jean Collart, vicaire général de Maillezais, trouve que l'église de Vouvant est « fort bien voultée et couverte » en 1601, cette dernière est décrite comme « toute ruinée » en 1656 (Rézeau, 2019). En effet, Jacques Raoul de La Guibourgère (évêque de La Rochelle) évoque dans le compte rendu de sa visite pastorale de 1656, que « l’église fort belle et fort vaste autrefois, par le malheur des guerres a été toute ruinée : il n’y a plus que le chœur et les deux chapelles aux deux côtés du chœur qui soient voûtés » (Rézeau, 2019). La destruction partielle de l'église, et notamment celle de la façade occidentale, semble donc se situer au début du XVIIe siècle. La nouvelle façade occidentale, clôturant les six travées subsistantes de l'édifice, est érigée au cours du même siècle.
Nouvelle façade occidentale édifiée au XVIIe siècle à la suite de la destruction de la partie ouest originelle.
Crédit photo : Ludovic Géron
Plan de l'église Notre-Dame de Vouvant.
Crédit plan : Ludovic Géron
Plusieurs comptes rendus de visites épiscopales permettent d'en savoir plus sur cet état inquiétant de l'église au XVIIe siècle :
- en 1636, l'édifice n'est pas pavé et ne possède pas de vitraux tandis que l'ensemble de la nef n'est plus voûté et qu'une grande partie de celle-ci est détruite. Seuls le chœur ainsi que le transept sont encore voûtés.
- en 1650, la visite épiscopale porte connaissance de la présence de peintures murales au sein de l'édifice. Il est également indiqué que plusieurs prisons ont été aménagées à l'extrémité de la nef vers 1630 avec des pierres en provenance de la démolition de cette dernière. La porte décorée de l'église Notre-Dame est alors condamnée.
- en 1656, l'entrée principale de l'église Notre-Dame est signalée comme condamnée par les prisons installées dans la nef : « L'aisle d'une nef a esté prise aveque la grande porte pour faire des prisons, [...], en sorte qu'on entre plus par la nef, mais seulement par une autre porte au-dessous du crucifix » (Rézeau, 2019). L'entrée se fait dès lors par la porte nord du transept. C'est vers cette même année que la porte occidentale est alors écroulée. Une porte d'accès menant au prieuré est également citée comme fermée dans cette visite de 1656.
En 1625 et 1648, les deux pouillés d'Alliot indiquent que le prieuré Notre-Dame de Vouvant relève de l'évêque de Maillezais.
En 1636, les moines du prieuré de Vouvant s'intègrent à l'ordre monastique de la congrégation de Saint-Maur. La situation du prieuré Notre-Dame déclinant grandement au fil des années, seuls deux ou trois religieux y sont encore présents en 1664.
En 1638, Henri II d'Orléans-Longueville rend hommage de ses baronnies de Vouvant et Mervent.
Avant 1641, Henri II d'Orléans-Longueville vend ses terres de Vouvant et de Mervent au président de Lamoignon. Elles sont donc détachées de la baronnie de Parthenay qui est vendue à Charles II de La Porte le 14 juin 1641.
En 1644, un traité passé entre Henri II d'Orléans-Longueville et Anne Le Blanc (écuyer et garde des terres de Henri II) indique le souhait de procéder au dessèchement des marais de Vouvant et Mervent (appelé aussi marais de Vouilly et Chailly).
Les lettres patentes du roi Louis XIV, datées du 6 décembre 1648, portant érection de la terre de Rohan en Duché Pairie en faveur de monsieur de Chabot, indiquent que « [...] toutes les maisons impériales, royales et souveraines de l'Europe d'où vient que les rois nos prédécesseurs, tant de la branche dite communément de Valois que celle de Bourbon, soit à cause de la dite alliance de Luxembourg, soit aussi parce que en effet tous les rois de France et toutes les branches royales, descendent médiatement d'une fille de Chabot qui fut dame Eustache, femme de Geoffroy Ier de Lusignan [...] ». Cela ferait donc de Vouvant, par Eustach(i)e Chabot, le berceau des familles royales Valois et Bourbon.
Au XVIIe siècle, les chapiteaux romans de l'église Notre-Dame sont remplacés par des chapiteaux ioniques et la voûte supportant le chœur est démolie. La crypte est alors comblée par des débris de toutes sortes. Un redallage complet du chœur est par la suite effectué provoquant un abaissement de son niveau.
Une visite pastorale datée du 23 juin 1690 indique que le chapitre du prieuré Notre-Dame de Vouvant est uni au chapitre de La Rochelle.
Le retour définitif de la baronnie à la Couronne de France
(1694-1788/89)
En 1694, Vouvant revient à la Couronne de France du fait de l'extinction de la lignée issue de la descendance de Jean de Dunois, par le décès de Jean-Louis d'Orléans-Longueville (abbé de Longueville). L'ancienne baronnie de Parthenay, à laquelle Vouvant était intégrée, est alors réunie au domaine de la Couronne.